La médiation équine pour un public touché par le cancer
- La médiation équine
- L’approche infirmière en médiation équine
- Exemples concrets : programme « dépassement de soi » et séance individuelle
Qui sommes nous ?
Candice Neuville : « Cadre de santé dans un service d’oncologie, j’ai ensuite accompagné des étudiants infirmiers en stage d’oncologie.
Depuis 2019, je me suis formée à la médiation par l’animal à l’IFZ , puis à la relaxation, hypnose en médiation équine, en systémie familiale et enfin j’ai un certificat de consultante en « gestion émotionnelle ».
Ayant créé ma micro entreprise de médiation par l’animal, j’effectue des séances individuelles ou en groupe à un public divers, mais le plus souvent des personnes touchées par le cancer.
Enfin je suis bénévole au « Centre Ressource de Montélimar » avec mon chien. Et j’y mène depuis 2 ans un programme de médiation équine de 26 heures pour les personnes touchées par le cancer. (« Centre ressource de Montélimar » et Fondation AP SOMMER) »
A Montélimar, nous avons la chance d’avoir le deuxième “Centre Ressource” de France. Ce lieu propose aux personnes touchées par le cancer et à leur entourage, un axe “mieux être” : sophrologie, réflexologie plantaire, méditation, art thérapie, micro nutrition… Il y a aussi des programmes spécifiques : deuil, accompagnement thérapeutique, dépassement de soi…
Ma partenaire avec les animaux : Calixta KHOUFFACHE( aussi formée à l’IFZ) elle gère le « Centre d’accueil en zoothérapie et écurie OGOTAI , dans la drome à Puy saint martin. Nous y menons nos séances de médiation équine et canine
- La médiation équine.
La médiation équine désigne l’ensemble des pratiques qui utilisent le cheval comme médiateur : l’animal se présente comme un support de médiation pour la mise en œuvre d’une pratique ayant ses propres objectifs. Celle-ci peut être à visée pédagogique, de développement personnel, de coaching, de création de lien social, ou encore à visée thérapeutique. Les bienfaits de cette pratique sont utilisés depuis des dizaines d’années, en France comme à l’étranger.
Les chevaux et poneys ont des capacités de réceptivité émotionnelle particulièrement développées, et qu’ils entrent en résonance avec leur environnement et les autres êtres vivants et y réagissent de manière intuitive, sans jugement.
Cela est particulièrement utile pour apprendre à exprimer ses ressentis, son mal-être ou des émotions bloquées. Cela est d’autant plus vrai que les équidés sont extrêmement sensibles au langage corporel, et donc à la communication non verbale. Les blocages ou souffrances, quels qu’ils soient, physiques comme affectifs, sont décelés par les chevaux et se manifestent par leur réponse comportementale, qui va servir de support de projections à la personne concernée.
C’est aussi un animal sociable, non jugeant et doté d’une grande sensibilité.
L’intervenant doit être formée en médiation par l’animal et des compétences de soignant vont améliorer la qualité de l’accompagnement.
Ainsi, l’intervenant va préparer et mener les séances en fonction des besoins spécifiques de chaque personne accompagnée.
Image corporelle, mémoire, mobilité, dextérité, estime de soi, communication, douleurs… Les problématiques travaillées en séances sont nombreuses, et les compétences d’un soignant sont une plus-value indéniable pour travailler par objectifs professionnels.
2. L’approche infirmière en médiation équine.
A. Regard par les « besoins fondamentaux de l’être humain ».
Nous fonctionnons avec les besoins fondamentaux des êtres humains.
La liste des « 14 besoins » de V. Henderson, ainsi que la pyramide des besoins selon A .Maslow sont mises en parallèle dans les séances.
En comparant avec les besoins des équidés, nous abordons les différentes problématiques qui en découlent.
L’être humain, ainsi motivé par le fait d’apporter du mieux être au cheval va aussi contribuer au sien.
Unis dans ce duo, ils œuvrent ensemble : marcher ensemble, atteindre des objectifs ensemble, se lancer des défis physiques et de dépassement de soi : c’est plus facile à deux !!
Et le cheval ne juge pas, donc l’être humain en face, ose davantage. Il y a du plaisir.
Une fois motivée par l’animal, la personne effectuera les exercices adaptés à ses besoins. Le fait d’avoir un regard infirmier nous permet de prioriser les besoins en nous adaptant à la personne, et ses souhaits.
B. Regard par les diagnostics infirmiers.
Habituée aux parcours de vie qu’un être humain doit affronter durant un cancer. Je repère les diagnostics infirmiers (souvent prévalents en cancérologie) pour chaque bénéficiaire.
Le regard infirmier d’une personne atteinte de cancer passe ainsi en revue les différents besoins fondamentaux perturbés, et pose des diagnostics infirmiers.
Ensuite, comme dans un plan de soin, nous allons poser des actions adéquates à cette personne : sous forme de plan de séances, mais avec un cheval !
Le programme sera évolutif selon si les séances sont individuelles ou font partie du programme « dépassement de soi par la médiation équine »
Mais chaque individu aura une relation unique avec l’équidé durant les séances.
La vision infirmière chez une personne arrivant en séance, va me permettre d’affiner la séance : les exercices et le choix de l’animal.
Par exemple, le besoin d’estime de soi et l’image corporelle, après une chirurgie pour cancer du sein, sont souvent perturbés.
Par différents exercices, le toucher, la douceur et le non jugement de l’animal, nous allons travailler : « mettre en émotions et en mots » cette perte d’estime de soi, se réapproprier son nouveau corps…
Voici une liste des diagnostics infirmiers les plus fréquemment retrouvés autant chez les patients suivis à l’hôpital que ceux que nous accompagnons à l’extérieur. Nous ne pouvons pas généraliser, chaque personne étant unique. Une observation affinée et professionnelle d’une infirmière porte bien son regard sur la complexité humaine : le bio (physique), psychologique, et social.
Le diagnostic infirmier donne du sens aux données recueillies et oriente les actions à mener afin de résoudre le problème identifié. Il est différent du diagnostic médical et les deux complètent une prise en charge pluridisciplinaire.
En voici certains exemples (il n’y a pas de classement, et ceux-ci sont notés à titre d’exemple, la liste n’est pas exhaustive) :
Des diagnostics infirmiers :
Physiques | psychologiques | sociaux |
Atteinte à l’intégrité des tissus | Anxiété | Exercice du rôle parental perturbé. |
Asthénie | Angoisse face à la mort | Conflit décisionnel |
Douleurs (aigues ou chroniques) | Déni non constructif | Isolement social |
Mobilité physique réduite | Insomnies | Estime de soi perturbée |
Nausées | Image corporelle perturbée | Sentiment de solitude |
Risque d’infection | Absence d’épanouissement | Stratégie familiale inadaptée |
Dyspnée à l’effort | Peur | Non observance |
Incapacité partielle ou totale de s’alimenter | Perte d’espoir | Perturbation de la dynamique familiale |
C. Les émotions dans les séances de médiation équine
L’animal, dans les séances aide à ouvrir la porte de l’expression de nos émotions.
Les émotions semblent diverses et variées, se mélangeant pèle mêle, s’intensifiant, se transformant…
Selon Paul Ekman il y en a 7 « universelles » : la joie, la colère, la tristesse, la peur, le dégout, la surprise, le mépris.
Certaines approches intègrent les émotions secondaires : la honte, la vulnérabilité, puis la haine, la méfiance, la culpabilité etc…
Liées à notre subjectivité et au ressenti instantané de notre affectivité, elles appartiennent au même domaine que les passions, l’humeur et les sentiments.
Historiquement on parlait plus de « passion », le terme « émotion » est plus récent, et surtout il n’a pas exactement la même lecture selon les cultures (les américains ont une approche légèrement différente notamment avec le courant « Eponaquest » de Linda Kohanov : le Tao du cheval.
Quoiqu’il en soit pour se préparer à « travailler » avec des personnes qui expriment plus ou moins leurs émotions, en tant qu’intervenants en médiation animale, nous nous devons de savoir :
Avoir une écoute active : pas de préjugés, pas de jugement, observer, écouter et entendre…
Savoir analyser ce qui se cache derrière les émotions exprimées, ne pas s’arrêter aux 1eres impressions.
Comprendre les réactions de nos animaux devant ces émotions exprimées par le corps (et c’est cela leur qualité, ils comprennent bien mieux que l’humain ce que nous tentons de cacher.
Non pas « gérer nos émotions » mais savoir les reconnaitre, les comprendre, les réguler, les utiliser : cela nous aide à entrer dans l’action.
Les émotions font bouger la personne, au sens figuré mais pas que… les émotions provoquent de réelles réactions corporelles :
Dilatation pupillaire,
Sourire
Mimiques du visage (crispé, tendu…)
Tachycardie, Polypnée
Fourmillements dans les jambes avec mouvements
Etirement de la nuque en lien avec des douleurs de stress
Agitation avec fuite
L’intervenant devra alors être attentif à repérer derrière l’émotion exprimée, la réelle émotion primaire. De plus, il devra comprendre à quel degré d’intensification de cette émotion la personne en est ? Par exemple, la colère peut s’intensifier en…